La journée de la terre est une date extrêmement importante dans l’histoire du peuple palestinien. Chaque année, le 30 mars, les Palestiniens, où qu’ils se trouvent, mettent un point d’honneur à commémorer cette date appelée la Journée de la Terre (Yawm el ard), symbole de la lutte contre la confiscation de la terre de Palestine.
Le 30 mars 1976, des manifestations réunissant des milliers de Palestiniens de 48[1] furent réprimées très violemment par les autorités israéliennes. A l’origine de ces manifestations, la décision du gouvernement sioniste de confisquer 20000 dunums (environ 2000 hectares) de terres palestiniennes en Galilée. Face à cette décision injuste, les leaders des Palestiniens de l’intérieur appelèrent à une grève générale le 30 mars 1976. Un important dispositif de sécurité sans précédent (armée et police) fut mis en place pour faire face aux protestations pacifiques de la minorité palestinienne. La répression fut terrible : 6 morts, des centaines de blessés et des centaines d’arrestations.
Cette date marque un tournant dans l’histoire récente de la Palestine car il s’agit de la première mobilisation de masse des Palestiniens de 48 contre le vol de la terre et le colonialisme israéliens. Ainsi, cette journée rappelle que les Palestiniens de 48, souvent appelés les « Arabes israéliens », subissent eux aussi les foudres du sionisme et font partie intégrante du peuple palestinien.
Ce jour symbolise aussi l’unité du peuple palestinien des deux côtés de la Ligne Verte[2]. Ce même jour de 1976, les manifestations ne sont pas limitées uniquement à la Galilée. Dans le Néguev, en Cisjordanie occupée, à Gaza et même dans les camps de réfugiés du Liban, les Palestiniens sortent dans la rue en solidarité avec les Palestiniens de 48. En dépit des volontés de l’occupant israélien qui fragmente et divise le peuple palestinien pour ainsi réduire son expression politique, la commémoration de cette date par toutes les composantes de la société palestinienne vient rappeler l’unité du peuple palestinien qui lutte pour sa libération et le droit au retour des réfugiés.
On comprend donc pourquoi cette date est une des plus importantes dans le calendrier palestinien et pourquoi sa commémoration revêt une importance toute particulière.
L’exemple de l’attachement du peuple palestinien à sa terre est vraiment à méditer. Il devrait nous interpeller et nous amener à réfléchir sur le sens de notre lien à la terre… si tant est qu’il existe !
[1] Palestiniens de 48 : (ou Palestiniens de l’intérieur). Ce sont les Palestiniens qui ne furent pas expulsés en 1948-1948 de leurs terres. Ils sont 160 000 à la fin de l’année 1949, ils sont aujourd’hui 1,6 millions soit 20% de la population israélienne. Ils seront soumis jusqu’en 1966 à la loi martiale et subissent encore aujourd’hui de nombreuses discriminations.
[2] Tracée au crayon vert sur les cartes lors de l’armistice de 1949, la Ligne Verte démarquait jusqu’en 1967 Israël de la Transjordanie et de la bande de Gaza contrôlée par l’Egypte.